Lorsqu'une personne est condamnée à une peine de prison ferme, le procès pénal est terminé, mais une autre procédure, tout aussi cruciale, commence : celle de l'exécution de la peine. En Belgique, la manière dont une peine de prison est purgée n'est pas figée. Le Tribunal de l'Application des Peines (TAP) a été créé pour humaniser l'exécution des peines et favoriser la réinsertion des condamnés. C'est une juridiction indépendante qui ne rejuge pas les faits, mais qui gère la vie du condamné après sa condamnation.
Le TAP est la porte d'entrée vers des mesures alternatives à l'incarcération, comme la libération conditionnelle ou la surveillance électronique (bracelet). Pour le condamné et sa famille, c'est l'instance qui représente l'espoir d'une sortie anticipée. Cependant, cette sortie n'est jamais automatique. Elle est conditionnée à des efforts réels du condamné et à la présentation d'un dossier solide, centré sur la réinsertion et l'absence de risque pour la société.
Cette procédure est très technique et formalisée. L'assistance d'un avocat est obligatoire pour présenter une demande devant le TAP. Il ne s'agit plus de plaider l'innocence, mais de convaincre trois juges que le condamné mérite une chance de purger sa peine différemment. Maître Mevlut Turk, avocat à Charleroi, accompagne ses clients dans cette procédure délicate, de la constitution du dossier à la prison jusqu'à l'audience décisive devant le TAP.
Le Tribunal de l'Application des Peines est une juridiction spécialisée, composée d'un président (un magistrat professionnel) et de deux assesseurs (des spécialistes en réinsertion sociale et en pénologie). Il est compétent pour gérer les modalités d'exécution de toutes les peines privatives de liberté qui dépassent une certaine durée. Depuis une réforme récente, le TAP est compétent pour les peines (ou le total des peines) de plus de deux ans. Les peines plus courtes sont gérées par le Juge de l'application des peines.
La mission du TAP n'est pas de rejuger l'affaire. La culpabilité et la durée de la peine sont fixées définitivement par le tribunal de jugement (Correctionnel ou Cour d'appel). Le TAP se concentre exclusivement sur "l'après" : comment la peine va-t-elle s'exécuter concrètement ? Son objectif est de préparer la réinsertion sociale du condamné, tout en protégeant la société et en prenant en compte les intérêts des victimes, qui sont d'ailleurs informées de la procédure.
Ce tribunal statue sur l'octroi, le suivi et la révocation des principales mesures d'aménagement de peine. Il ne décide pas sur un coup de tête ; ses décisions sont basées sur une enquête sociale, un avis de la direction de la prison et un débat contradictoire lors d'une audience où le condamné, son avocat et le Ministère public sont présents.
Le TAP dispose de plusieurs outils pour aménager une peine de prison. Les plus connus sont la surveillance électronique (le bracelet) et la libération conditionnelle. La surveillance électronique (SE) permet au condamné de purger sa peine à domicile, mais avec des restrictions très strictes. Il est assigné à résidence et ne peut quitter son domicile que selon un horaire précis, validé par le tribunal (par exemple, pour aller travailler ou suivre une formation).
La libération conditionnelle (LC) est une mesure plus large. Le condamné est libéré avant la fin de sa peine, mais il doit respecter un "cahier des charges" très strict pendant une période d'épreuve (qui peut durer plusieurs années). Ces conditions incluent souvent l'obligation de travailler, d'indemniser les victimes, de suivre une thérapie (par exemple, pour gérer la violence ou une addiction) et l'interdiction de contacter la victime ou les co-condamnés.
Le TAP peut aussi octroyer des mesures intermédiaires, comme la détention limitée ou la semi-liberté (permettant de sortir de prison la journée pour travailler et d'y rentrer le soir et le week-end) ou des "permissions de sortie" (pour quelques heures ou jours, afin de préparer la réinsertion, par exemple pour un entretien d'embauche). Le choix de la mesure dépend du profil du condamné et de la solidité de son dossier.
Une demande ne peut pas être introduite à n'importe quel moment. Le condamné doit avoir purgé une partie de sa peine, appelée "temps d'épreuve". La règle générale est que le condamné doit avoir purgé un tiers de sa peine pour être admissible à une libération anticipée (bracelet ou LC). Par exemple, pour une peine de 3 ans, la demande peut être introduite pour une audience qui se tiendra autour de la date du premier tiers de la peine (1 an).
Attention, ce calcul est plus sévère en cas de récidive légale grave. Dans ce cas, le condamné doit purger les deux tiers de sa peine avant de pouvoir solliciter le TAP. Ces seuils temporels sont des conditions de recevabilité ; les atteindre ne garantit absolument pas l'octroi de la mesure.
La procédure est écrite. L'avocat doit déposer une demande formelle au greffe du TAP. Mais le plus important est ce qui accompagne cette demande : le plan de réinsertion. C'est le document central que le tribunal va examiner. Sans un plan de réinsertion crédible et vérifiable, la demande a très peu de chances d'aboutir, même si le temps d'épreuve est atteint.
Une fois le dossier complet (demande, plan de réinsertion, avis de la prison, enquête sociale), le TAP fixe une date d'audience. Cette audience se tient généralement à la prison même. Sont présents : les trois juges du TAP, le greffier, le Procureur du Roi (spécialisé dans l'application des peines) et le directeur de la prison (ou son représentant). Le condamné est présent, obligatoirement assisté de son avocat.
L'audience est un débat contradictoire. Le directeur de la prison donne son avis (souvent crucial) sur le comportement du détenu et la faisabilité du plan. Le Procureur du Roi donne son réquisitoire (avis favorable, défavorable ou neutre). Enfin, l'avocat plaide pour son client, en mettant en avant les efforts accomplis en détention et le sérieux du projet de réinsertion.
Le tribunal ne rejuge pas les faits, mais il évalue plusieurs critères. Le critère principal est l'absence de risque de récidive. Les juges doivent être convaincus que le condamné ne commettra pas de nouvelles infractions graves. Ils évaluent aussi les efforts du condamné pour indemniser les victimes, son comportement en prison et les perspectives de réinsertion sociale qu'offre son plan.
Le travail de l'avocat pour le TAP commence bien avant l'audience. Il se fait en collaboration étroite avec le détenu et sa famille, souvent plusieurs mois à l'avance. La mission de l'avocat est de bâtir un plan de réinsertion "béton" que le tribunal ne pourra ignorer. Ce plan doit contenir des preuves concrètes et vérifiables.
Un bon plan de réinsertion comprend typiquement :
Maître Mevlut Turk s'investit dans la construction de ce projet, en guidant le condamné et ses proches pour rassembler les bons documents. À l'audience, sa plaidoirie visera à montrer au tribunal que le temps passé en prison a été mis à profit, qu'une réflexion a eu lieu, et que le risque de récidive est maîtrisé grâce au cadre proposé dans le plan de réinsertion.
Convoqué par la police ? Vos droits lors d'une audition (Loi Salduz)
Garde à vue en Belgique : durée, droits et rôle de l'avocat
Qu'est-ce qu'un mandat d'arrêt et comment le contester
Détention préventive : conditions, durée et demande de libération
Peine de travail et sursis probatoire : les alternatives à la prison
Comment effacer son casier judiciaire (Réhabilitation)
Guide : Comment se constituer partie civile pour être indemnisé
Maître Mevlut TURK
Maitre Mevlut TURK
Emile Tumelaire 69
6000 - Charleroi
Ouvert du lundi au vendredi de
8h30 à 12h30 et de 14h00 à 18h30
Samedi de 10h00 à 12h30
Politique de confidentialité - Gèrer vos cookies
Notre site utilise des cookies pour améliorer votre expérience.